jeudi 23 décembre 2010

Aloe Blacc, great soul revival

Aloe Blacc sur la pochette de son deuxième album


Les médias le présentent déjà comme l'un des héritiers d'une longue tradition soul (Marvin Gaye, Steevie Wonder, Sam Cooke...). Et pourtant, Egbert Nathaniel Dawkins, alias Aloe Blacc, américain de 31 ans d'origine panaméenne, n'en est qu'a sa première tentative avec l'album Good things (2010). La seconde si on compte Shine Trough (2006), premier opus de l'artiste beaucoup plus éclectique (ce qui n'est pas un mal en soi!).

Mais que vient faire un soul singer dans un blog consacré aux artistes folk rock? Eh bien, voyez par vous même. Ou plutôt, écoutez par vous même. Les compositions et le ton d'Aloe Blacc ont quelque chose qui traversent aisément la barrière des genres musicaux pour venir titiller aussi bien les amateurs de folk comme moi (et comme vous je l'espère). Si vous n'êtes pas convaincu, pensez donc à des tubes soul de la trempe de I heard it trough the grapevine, avec son intro légendaire qui colle autant à la version des Creedance clearwater revival qu'à celle de Marvin Gaye.

Revenons à nos moutons. Derrière le pseudonyme d'Aloe Blacc se cache un habitué de la scène et des enregistrements studios. Déjà quinze années que cet ami de la soul s'est lancé dans la zik: il a commencé en 95 au sein du groupe Enamon, une formation rap avec qui il s'est illustré sur une bonne dizaine d'albums en tant que chanteur principal jusqu'en 2004. Sans transition, il se rebaptise Aloe Blacc et opère un virage soul de plus en plus marqué, troquant son flow pour une voix digne des artistes de la Motown.

I need a dollar (extrait vidéo ci-dessous), titre phare de Good Things, a été choisi pour accompagner le générique de la série How to Make it in America. Il n'en faut pas plus pour qu'Aloe et sa soul rétro parviennent à gagner l'Europe et s'imposent comme une valeur certaine (n'en déplaise à ben L'oncle soul!).

Avis aux amateurs de reprises rock and roll. Prétez donc une oreille à cette sublime version de Femme fatale, signée Aloe et son orchestre.



Aloe Blacc - Hey brother / I need a dollar
Réalisé par la blogotheque


Page myspace d'Aloe Blacc

vendredi 17 décembre 2010

Bjørn Berge, le colosse du grand nord

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Bjorn Berge sur la pochette de son 9 ème album studio


Si on devait retenir qu'une unique chose à propos de Bjørn Berge ce serait sûrement celle-ci: le type en impose pas mal. Et ceci pour deux raisons. Premièrement, c'est une véritable armoire à glace avec des bras plus gros que vos cuisses. Deuxièmement, son jeu de guitare extrêmement rageur, mélange habile de funk, blues et rock, vous fait perdre la tête tellement ça va vite. Depuis sa dizaine d'albums studio le bonhomme utilise à peu de chose de prêt la même recette: une guitare 12 cordes dans une config open chord qu'il triture avec un bottleneck sur des rythmes ultra pêchus.

Crâne rasé et tatouages multiples, Bjørn cultive le look taulard gros dur qu'aime pas qu'on lui cherche des poux dans la tête (c'est pas moi qui vais essayer). Sans avoir peur de faire l'amalgame, faut dire qu'il vient d'un pays au climat rude: c'est en Norvège qu'il fait ses débuts musicaux, d'abord au banjo dans un  groupe de potes amateurs de bluegrass, puis accompagné de sa seule guitare ensuite. Depuis, Bjørn a parcouru un sacré bout de chemin et peut se targuer d'avoir su se bâtir une solide réputation de bluesman. Sa page wikipedia vante même le fait qu'il a eu l'occasion de tourner avec des monuments de l'histoire du rock tels Chuck Berry.

A l'image du titre ci-dessous, version épique de Death Letter du défunt Son House (déjà reprise par les White Stripes sur leur album De Stijl en 2000), Bjorn excelle dans l'art de la reprise. Il y a même consacré presque tout un album, I am the Antipop (2007), qui regroupe une sélection de standards rock adaptés à son style unique avec brio.


Bjørn Berge - Death letter (Son House cover)



Page Myspace de Bjørn Berge


lundi 13 décembre 2010

The swell season, une affaire qui roule

Glen Hansard et Marketa Irglova, The Swell Season

Voilà un petit groupe folk bien sympathique, avec des mélodies aériennes qui donnent envie de voyager. The Swell Season gravite autour de deux personnages aux voix très complémentaires, Glen Hansard et Marketa Irglova. Le premier est irlandais, il a fondé le groupe pop indépendant The frames en 90, et c'est une véritable bête de scène à la puissance vocale extraordinaire*. La seconde, plus discrète, vient de République Tchèque où elle a reçu une formation musicale classique en piano. Lorsque Glen et Marketa jouent ensemble, l'alchimie fonctionne du tonnerre et emballe dès les premières mesures.

Sur scène, le duo est entouré par une cohorte de musiciens qui vivifient leurs compositions. C'est en 2005 que The Swell Season commence à se produire, après la rencontre de Glen et Marketa Dans des circonstances qui ne figurent nul part sur le net...En 2006, plusieurs morceaux de leur premier album éponyme The swell Season (2006) figurent sur la B.O du film Tchèque Beauty in trouble. Fort de cette expérience, le duo en remet une couche et signe la B.O de Once, un film musical dans lequel Glen et Marketa s'improvisent comédiens et jouent quasiment leur propre rôle. Avec un coût de production relativement limité, Once parvient à remporter un franc succès, aussi bien auprès du public que de la critique (Pour l'avoir vu, faut dire qu'il est vraiment tip top).

La notoriété des Swell Season, qui jusque là était en train de monter en flèche, fait un bond de plus lorsque le morceau Falling Slowly (un poil cliché il faut l'avouer) se retrouve couronné d'un academy award. Comme il serait dommage de s'arrêter en si bon chemin, Glen et Marketa ont enregistré un troisième album, Strict Joy (2009), qui confirme définitivement l'incontestable lien musical qui les unit.

*Vidéos à l'appui, Glen l'écorché vif braille tellement fort qu'il parvient à capter l'attention d'une salle de concert pleine rien qu'avec sa guitare, et ce, sans amplification aucune! Un exercice auquel il aime s'adonner en interprétant Say it to me now, composition sublime toute en guitare voix.



The Swell season - When Your Mind's Made Up

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mercredi 8 décembre 2010

La Maison Tellier, dynamite les genres

L'art de la Fugue (2010), dernier album du collectif La Maison Tellier

La Maison Tellier. Première impression, un blase qui craint du boudin...Mais pas tant que ça après tout. Surtout lorsqu'on s'aperçoit que le groupe tient son nom d'une nouvelle de Maupassant, digne représentant de la littérature française (remember vos années lycée). Sans prétention, Helmut et Raoul, fondateurs du groupe en 2004, confient dans une interview pour  le site Soul Kitchen: «on n'est pas centré non plus dans la référence à Maupassant, si on pousse le parallèle c’est pour son écriture simple, qui va facilement vers les gens. Pas besoin d’avoir de dictionnaire ou d’autres connaissances pré requises pour accéder à ce qu’il veut dire. »

Pas besoin non plus de les entendre se justifier pour comprendre qu'ils disent vrai: A l'image de leur dernier album, L'art de la fugue, La maison Tellier regorge d'influences. Celles-ci s'avèrent même très éloignées les unes des autres, quitte à semer le trouble lorsqu'elles se rencontrent. C'est l'effet produit sur des compositions comme La peste  (référence au roman de Camus), où un air country côtoie un chant qui scande nonchalamment tous les ravages de la peste (personnellement, je trouve ça énorme!).

Dans le genre iconoclaste, La Maison Tellier s'était déjà illustrée lors de ses deux précédents albums. Par exemple, c'est sans concession qu'elle s'autorise une subtile reprise du tubissime Killing in the name à la sauce country. Là encore, exercice réussi!...Du côté des autres morceaux en anglais, c'est à dire environ la moitié de ce que le groupe produit, l'ensemble n'est pas aussi marquant. Exception notable pour Five Years Blues, qui combine blues et trompettes, une autre invention savoureuse du collectif.

Deux mots encore sur Babouin (en vidéo ci dessous), Composition énigmatique qui ouvre L'art de la fugue. Pas de confusion des genres pour ce morceau, mais une instru à la mandoline qui me laisse totalement  pantois!


La Maison Tellier - Babouin

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mercredi 1 décembre 2010

Noir désir ne reviendra jamais

Pochette de 666.667 club, album mythique du groupe paru en 1996

Les nostalgiques de Noir dez le resteront sans doute à jamais. En effet, le retour tant attendu des quatre bordelais est sans espoir depuis l'annonce de la dissolution du groupe hier par le batteur Denis Barthe, qui précisait s'exprimer au non de tous les membres. Cette décision survient le lendemain du départ de Serge Teyssot-Gay, guitariste du groupe depuis ses débuts, qui confiait dans un bref communiqué de presse son souhait immédiat de quitter Noir Désir pour cause de multiples désaccords avec Bertrand Cantat (lire les articles de libération).

Malgré le drame impardonnable de Vilnius en 2003 qui avait plongé Cantat dans la tourmente, Noir Désir, 6 albums studios et plus de 20 ans de carrière, laisse une emprunte durable dans le paysage du rock français. Par leur militantisme sincère, (celui la même qui lors des victoires de la musique 2002 poussa le groupe à dénoncer le profit et l'hégémonie d'Universal), ainsi que par la bonne dizaine de leurs morceaux devenus des classiques à part entière, Noir Désir et sa musique restent une valeur certaine que n'ont pas fini de partager tous ceux qui saluent le travail des quatre musiciens.

La mort du groupe m'est d'autant plus difficile à encaisser qu'à mon sens la relève se fait encore attendre aujourd'hui. Espérons seulement que cette cessation d'activité sera l'occasion pour les désormais anciens membres de Noir dez de prendre un nouveau départ et d'affirmer encore leur engagement et leur talent à travers d'autres projets artistiques de qualité (comme l'avait déjà entrepris Serge Teyssot-Gay avec Zone libre, pendant que Cantat purgeait sa peine). Quoi qu'il en soit, les plus nostalgiques pourront toujours tenter de se consoler un peu avec une reprise de Bashung, Aucun express, qui devrait figurer sur une compile hommage à l'artiste.


Noir Désir - Song for JLP 
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